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    L’ABRI COTIER

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    Saleté de temps ! Juste au moment je sors de mon rendez-vous pour un boulot, il se met à pleuvoir à torrents. En quelques minutes à peine, il y a un mètre d’eau, les trottoirs sont noyés. C’est sûr, je vais être trempée, je tremble déjà sous les bourrasques frênes étiques du vent, je me dis « ha c’est malin, tu as oublié ton parapluie et tes bottes Annick, ils t’auraient pourtant bien été utiles sur ce coup-là » !

     

    Que faire, rentrer à pieds, appeler un taxi, prendre le bus ? En un coup d’œil au-dessus de la mer, afin de vérifier l’état marin, je vois le ciel se déverser jusqu’à l’horizon dans le veine érable océan. Je cours jusqu’à un abri côtier, de l’autre côté de la rue.

     

    Génial, un taxi passe, c’est une six troènes, la voiture ralentit juste à ma hauteur, je lui fais signe, déjà soulagée d’une telle chance. Mais une vieille femme, pourtant un peu pliée par l’âge, sort juste avant moi de l’abri et arrive en même temps que moi devant le taxi.

     

    « allez-vous, me demande-t-elle ? ». Je le vois bien, elle est énervée, je la gave.

    - A l’autre bout de la ville, lui répondis-je.

    - Moi je vais à Angers, dit-elle à l’attention du chauffeur. Qui allez-vous prendre ?

     

    Le chauffeur nous regarde tour à tour, me sourit. A ce moment-là, je n’ai rien à perdre, je lui décoche mon plus beau sourire, certaine que mon charme allait faire des ravages. Il s’adresse à moi :

     

    - Désolé Madame, j’aurais été ravi de vous transporter à l’autre bout de la ville. Or Angers est plus intéressant pour moi comme course. Je prends donc l’autre dame ».

     

    Alors, la bonne femme, l’air pincé, me regarde de haut, et ajoute avant de monter dans le taxi :

     

    « De toute manière, il eût fallu que vous me cognassiez pour que je vous laissasse prendre la place qui me revenait de droit ! ».

     

    Fort heureusement, le taxi démarre vite, sinon je l’aurais cognée la vieille, c’est sûr, même si la violence est un pêcher ! Enfin c’est con, j’étais si près du but !

     

    Et voilà que maintenant j’ai une envie pressante qui me prend, ça me fait toujours ça quand il pleut. Ah, qu’est-ce que j’aimerais aller pisser à la maison ! Mais rien à faire, je dois attendre ce fichu bus qui n’arrive pas !

     

    Enfin, la chance tourne, le soleil revient, timidement, je vais pouvoir rentrer à pieds. En face de moi, c’est la banque. De l’autre côté de la rue, le mûr y est toujours, derrière, l’or y est sans doute aussi.

     

    Je sors de l’abri, j’en chaîne sur la grande avenue, à bons pas, je passe devant une galerie de peinture. Les tableaux sont affreux là-dedans, je trouve ça peint n’importe comment. Je continue de marcher, encore cent mètres et je serai arrivée à la maison. Je croise une voisine, elle est toujours aussi maigre et plate Anne, mais elle est sympa. On se fait un signe, se souhaite bon week-end. Ca y est, je suis arrivée. Il était temps, il se remet à pleuvoir !


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